Nous, enfants d'internet,
Refusons l’interdiction de l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, telle que proposée par le président Emmanuel Macron. Cette mesure, sous couvert de "protection", priverait une génération entière de son principal espace d’expression, de socialisation et d’accès à la culture tout en renforçant le tabou d'internet entre parents et enfants, plutôt que de permettre une compréhension commune, plus que jamais nécessaire.
Internet n’est pas un simple lieu de divertissement : c’est un écosystème vivant, structuré en communautés, en langages et en codes. C’est un espace où l’on apprend à monter une vidéo, écrire, coder un site, débattre en live, créer de la musique ou partager ses goûts. C’est une école informelle mais puissante, de socialisation, de créativité, de culture et de citoyenneté. Refuser de la reconnaître, c’est nier un terrain d’émancipation pour toute une génération et refuser à la jeunesse les clés de son identité et de son avenir.
L’illusion des interdictions a déjà montré ses limites : partout où elles ont été tentées, les jeunes contournent les barrières via VPN ou faux comptes, migrant vers des espaces plus opaques, et bien plus hostiles. Les risques ne disparaissent pas : ils sont simplement déplacés, rendant les jeunes encore plus vulnérables, et toujours pas accompagnés.
Personne ne nie les dangers du numérique : cyberharcèlement, fake news, contenus inappropriés, pression sociale. Mais la réponse ne peut être la fuite en avant répressive. La vraie solution est éducative : ouvrir le dialogue entre parents et enfants, former les adultes à ces outils, accompagner les jeunes dans leur usage, et responsabiliser les plateformes. C’est par la formation des enseignants, parents et enfants ainsi que par la régulation intelligente que l’on protège vraiment la jeunesse, pas par l’interdiction.
Priver la jeunesse de son principal espace d’expression et d’accès à la culture serait irresponsable. Notre démocratie ne peut se construire contre sa jeunesse, mais avec elle, et pour elle.
Monsieur le Président, nous sommes nombreuses et nombreux à affirmer qu'interdire les réseaux sociaux n’est pas protéger, mais abandonner la jeunesse face à son époque.